Le début
2 Avril 2006. Ce blog pourrait sonner comme une mauvaise blague un
peu en retard. Il n'en est rien. Je commence en ce lieu onirique un
voyage à travers mes pensées imaginé il y a longtemps. Non pas que
l'appréhension ne m'ait retenu pendant tout ce temps, mais l'oisiveté
dans sa grande malice m'avait séduit alors. Et moi, tel un amoureux
fidèle, je l'avais laissée faire. Toi amante ravageuse de conscience, je
te quitte. N'espère plus étendre sur moi ton manteau de paresse car
j'en aime une autre.
Voyez comme l'homme est habile à se redresser soudain, piqué par un
élan de son esprit, et à jeter à bas tout ce qui faisait de lui
l'esclave soumis. L'orgueil n'est-il pas fascinant ? C'est un vieux
lion tranquille et las qui dort en nous durant des années, parfois toute
une vie, balayant nonchalamment les quelques mouches qui l'excitent
d'une patte indolente. Et ce jusqu'au jour où, sans que l'on puisse
comprendre pourquoi, ni comment, c'est un rugissement qui déchire l'air
et fait trembler la terre. La bête qui habite l'homme est éveillée,
tirée de son sommeil par un mouvement de conscience désespéré. Les
mouches ont déserté et la brousse a fait silence. Qu'est-il de plus
beau que ce regard brûlant, ce soulèvement venu des entrailles, cette
révolte aussi soudaine qu'inattendue ? Qu'est-il de plus enivrant que
de pouvoir lire dans l'oeil de son voisin: "Cet homme-là s'est
éveillé." ?
Ainsi, je monte à bord d'un fier galion espagnol et quitte le port
de mon désoeuvrement. J'ai jeté au vent toutes les cartes de navigation
et mon ciel est trop sombre pour que les étoiles me guident. Ici, il
n'y aura que mon coeur pour me montrer la route à travers la mer agitée
de mes pensées. Fendant les flots noirs, je ne connais pas ma
destination, mais une seule chose compte: il me faut me découvrir coûte
que coûte. Que la mer devienne océan et que les flots deviennent
tempête, je suis prêt. Mon âme l'a décidé dans l'instant et ne fera pas
marche arrière. Que les rochers de ma colère se profilent, que les
vents glacés de mon désespoir sifflent, que mes souvenirs ressurgissent
des abysses. Je ferai face, armé de mon esprit et de mon orgueil.
Contre vents et marées, contre frissons et images oubliées, je tiendrai
la barre droite et j'avancerai.
Aujourd'hui et jusqu'à ce que mon encre s'assèche, je prends le nom de Valentin Tissâmes.